Du sang sur les doigts et des remords dans l'âme.

Tybalt L. Montaigu
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Tybalt L. Montaigu

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« Dans tes yeux j’ai entraperçu la fin des temps. Des millions d’étoiles consumées par nos souvenirs disparus. »


Leurs histoires, elles ne t’ont jamais intéressé. À tes yeux, la vie d’autrui a toujours été sans valeur. De l’estime, il n’y en avait que pour nous et nous seuls. Dans notre monde, nous étions les maîtres et les uniques serviteurs. Mais pour que subsiste éternellement ce songe, il a fallu faire face à la réalité. Aux autres. À tous ces malintentionnés. À ces traitres. À ces menteurs. Et pour nous en protéger tu es devenu semblable. Mais ton cœur est resté mien. Ta place est avec moi. Je suis ton foyer. Ta destinée. Tu le sais. Nous le savons. Au-delà des limites familières de ma porte, c’est la mort qui te guette.

Les prunelles de tes yeux fixent avec insistance les affiches placardées sur le mur décrépis. Ou peut-être est-ce l’agent au regard sévère, assis devant toi ? Je l’ignore et inconsciemment, toi aussi. Mais tu continues à porter sur le monde ce regard que j’ai tant aimé. En ta présence, les lèvres se meuvent mais tu restes imperméable au son. La conversation s’éternise inutilement. Mécaniquement tu te répètes encore et encore. Inéluctablement programmé pour sourire, charmer, plaisanter. Mais au fond, ce n’est pas toi. Je sais ce que tu penses : tout cela ne veut rien dire. Cette situation est dénuée de sens. Et dans notre monde, elle n’aurait pas eu lieu d’être.
    ■■■ « Vous êtes vraiment sûr de ce que vous avez vu ? Je m’excuse mais, l’autre témoignage diffère du votre alors… je veux en être persuadé. »

La réalité. Le tangible. Les faits. Pourquoi fallait-il toujours leur donner autant d’importance ? Pourquoi avions-nous été les seuls à comprendre ? Comprendre que la vie est un rêve et que ce qui nous tue, c’est le réveil. Laisse-toi à nouveau bercer par ma mélodie. Bientôt ce cauchemar disparaitra. Il n’y aura plus que toi. Et moi. Réunis. À jamais.


₪۩۞۩₪

Une ultime réponse évasive. Et tout fut terminé. Tybalt salua avec autant de politesse possible l’agent de police avant de se lever de sa vieille chaise grinçante. Place qu’il avait occupé depuis plus d’une heure. La délivrance avait enfin sonné. De l’air. Il fallait qu’il respire. Son esprit suffoquait. Alors tel un fantôme sans identité, il se faufila vers la sortie, parmi la foule de fonctionnaires usés et débordés. Pourtant, à l’extérieur de ces murs, tout semblait désespérément calme. Beaucoup de bruit pour rien. Cette expression avait sûrement dû être inventée pour eux. Ce vacarme le dépassait. L’oublier était sans doute la meilleure des solutions.

Dehors tout était gris. Tout était terne. La chaleur étouffante du commissariat en effervescence laissa place au vent frais de la rue. En réponse au léger frisson qui lui parcouru l’échine, Tybalt releva rapidement le col de sa veste. Mais soudain, dans le décor blême de cette triste Venise, une longue chevelure rose transperça son esprit. À l’image d’un éclair en pleine nuit. Une senteur d’amertume se faufila sournoisement dans l’air. Mais étrangement, derrière cette odeur âcre d’animosité, il percevait une subtile note doucereuse de nostalgie. Le jeune homme le savait, la rencontre allait s’avérer inévitable.

Hésitant, le funambule s’arrêta quelque secondes sur le pas de la porte. Plusieurs jours s’étaient écoulés sans qu’il n’ait à rencontrer Vincent en face à face. Est-ce qu’il s’en portait mal ? Bien sûr que non. Au contraire même. Ayant repris ses esprits, Tybalt descendit tranquillement les quelques marches séparant le parvis et le trottoir. Un petit signe de la main suivit d’un timide sourire en coin. Il n’avait pas la force d’aller plus en avant. Pour une obscure raison, cette situation le mettait mal à l’aise. Il aurait voulu un peu d’isolement. Mais comme à son habitude, il préféra ne rien laisser paraitre.
    ■■■ «Alors comme ça, on se promène ? »

Peu importe la solitude physique. Dans sa tête aujourd’hui, malgré la compagnie, il resterait seul.

« C’est toi contre moi. Mets-toi contre moi. Pourvu qu’on reste les meilleurs ennemis du monde. »
Ce post a été écrit dans le sujet « Du sang sur les doigts et des remords dans l'âme. » le Lun 10 Sep - 22:05.


Vincent
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Vincent

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Ce que tu as dérobé ternit, pourrit. Comme un fruit défendu que je ne pourrais plus approcher.


« Mademoiselle, permettez-moi de vous dire que votre beauté égale celles des doux pétales de ces fleurs. »

Il s’incline, un sourire charmeur aux lèvres, un trou béant au cœur et baise doucement la main gantée de la femme qui lui fait face. Elle se recule, l’air rebuté, et reprend sa main. Son joli visage est en proie à une colère glacée et la foule se presse autour d’eux, avide de commérages, désireuse d’assister à une scène qui égaierait un peu cette froide journée d’hiver. Les yeux curieux se posent sur les bouquets de fleurs éparpillés au sol, sur le petit chariot qui gît lamentablement près de sa propriétaire. La vieille dame ose à peine lever les yeux, consciente que c’est tout un travail soigneusement mis en place qui s’effondre. Il lui faudra peut-être des semaines pour pallier à cette perte.

Et la responsable ne s’excuse même pas, regarde à peine la marchande et pousse même le vice jusqu’à écraser une fleur de son talon. Le défi se lit dans ses yeux clairs et même sans la connaître, le ressentiment gagne ceux qui l’observent. Elle a l’air de ceux qui ont tout, qui ne se privent de rien et qui se permettent de juger et de blesser les autres. Elle a l’air de ceux qui sont indifférents aux malheurs d’autrui et qui s’amusent à les provoquer. Mais là, elle ne s’amuse pas et son regard pourrait transpercer.

« Monsieur, permettez-moi de vous dire que vous pointez là les mauvaises herbes du chemin »

Il rit, s’approche jusqu’à prendre une mèche de cheveux blonds entre ses doigts. La froideur de ses iris se concilie avec le vent glacé qui souffle et ses mots doucereux sont comme une moquerie qui les enveloppe.

« Mademoiselle, vous m’avez donc parfaitement compris. Je vous suggère de passer votre chemin dès maintenant. Votre personne a fait suffisamment de dégâts. »

L’attroupement s’éloigne, laisse passer la silhouette fulminante. Quelques enfants essaient de sauver les bouquets restants et les adultes remettent tant bien que mal le chariot sur pieds. L’air un peu perdu, comme déjà absent, Vincent tapote distraitement l’épaule de la vieille dame, en laissant tomber dans sa poche ample, l’air de rien, de quoi ressourcer un peu son stock vide.

Les derniers passants s’attardent et les regards restent braqués sur lui alors, il en profite un peu, un sourire insolent aux lèvres.

« Si vous voulez un spectacle digne de celui-ci, et même davantage, n’hésitez pas à venir voir les Dark Wood Circus ! »

La voilà, la vraie bonne action de la journée. Le pas serein, il s’en va sans tenir compte des mines qui se sont un peu assombries. Comme quoi, on ne peut pas avoir l’assentiment de tous.

→ → → → → → → → → → → → → → → → → → → → → → → →

Au fur et à mesure qu’il s’éloigne du centre, les rues se font plus calmes, presque désertes. Il observe d’un air désabusé le paysage devenir une étendue lisse, entrecoupée parfois par de rares passants qui ont vite fait de passer les uns à côté des autres.

Méfiance et prudence sont devenues les maîtres mots à Venise. Amantes inespérables que bien des hommes et femmes ont mises dans leur lit, pour tenter de tenir éloigné le spectre qui rode. Tu espères l’éloigner, toi aussi. Il y a dans tes actes et dans tes mots toutes les sollicitudes tu monde, pour tenter de ramener à la surface la ville qui sombre. Vous n’êtes que des hommes. Mais vous deviendrez plus, s’il le faut. Et tu l’aperçois, l’un de tes soldats. L’une des racines qui se sont déroulées, ancrées dans la terre, à l’infini, pour plonger jusqu’à ton être.

Il esquisse un sourire un peu contrit, s’arrête devant le jeune homme pour poser une main sur sa tête et lui ébouriffer les cheveux, un sourire moqueur aux lèvres.

Dis-moi Tybalt, que reste-t-il à dérober à Venise pour que tu y restes ? Que cherches-tu pour ne pas fuir cet endroit où tu aurais pu perdre quelques plumes ? Je ne sais pas lequel de nous est le pire. Moi et mes regrets ou toi et le chemin que tu as dû prendre. Ça nous attendait, au tournant. On a foncé droit dans le mur et je ramasse toujours mes os cassés. Et toi, tu es là et je te hais. Je t’exècre, de tout cet être que tu dois abhorrer. Je sens ma rancune brûlante, malgré l’air froid et c’est ce qui me réchauffe un peu.

« Comme tu vois. Et toi tu fais pareil devant… le commissariat… ? »

Il lève un sourcil, perplexe et se penche jusqu’à ce que son visage soit à la hauteur du jeune homme. Un sourire mauvais aux lèvres, il s’amuse à le prendre de haut. Bien maigre consolation.

« Qu’est-ce que tu as encore foutu gamin ? Je ne pourrais pas toujours te tirer d’affaire, tu sais ? »

Tu as l’air ennuyé, un brin curieux. Il se met toujours dans des situations impossibles, qu’il mérite, sans aucun doute. Tybalt est un fauteur de troubles et tu t’y es habitué. Tu le surveilles de loin et là où tu vois sa frêle silhouette s’arrêter, tu donnes un coup de pouce, à ta façon. Pour trouver un juste milieu. Pour éviter de nouvelles erreurs.

« Ils sont au courant que tu es ressorti, au fait… ? »

J’ai envie de t’emmerder, Tybalt. Sans raison. Juste voir ta présence, entendre ta voix, c’est douloureux alors j’attrape ce qui vient. De toute façon, je suis gelé, jusqu’à l’os et tu n’es pas mieux alors ce ne sera pas la peine de tenter de nous briser, on ne pourra plus rien tirer de nos cadavres.

Ce post a été écrit dans le sujet « Re: Du sang sur les doigts et des remords dans l'âme. » le Lun 10 Sep - 23:55.


Tybalt L. Montaigu
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« L’innocent aux mains souillées que tu étais a disparu. Seul reste le coupable à la conscience immaculée. »


Dans une meute il y a toujours les dominés et le dominant. Et à y regarder de plus près : la civilisation humaine n’est pas si différente. Dans un groupe de personnes prédéterminées, il y a le dirigeant. Et les dirigés. Bien entendu, toi, tu n’as jamais voulu être de ceux-là. Le rôle de décors vivant, d’être-objet, trop peu pour toi. Je le sais car nous nous suffisions à nous-même. Sans mot. Sans geste. Mais ces temps sont révolus. Ils sont comme les bribes d’un rêve lointain. Perdus quelque part entre la réalité et le fictif. Ai-je vraiment existé ? Une chose est sûre, je ne mourrai pas. Tant que tu seras là. Je subsisterai. Mais pour ne pas m’égarer à nouveau, tu devras te lancer à corps perdu, dans cette bataille vers l’obtention du pouvoir. Et en ressortir triomphant. Pour qu’un jour, la gloire nous couronne.

Tu n’oses le dire mais ce contact familier t’exaspère. Et pour éviter qu’il s’éternise, tu exécutes un rapide mouvement de recul. Dis-lui : tu n’es pas un animal auquel on peut tapoter sagement la tête. Tu ne dois rien à personne. Tu t’es créé. Ne le laisse pas assouvir ses besoins de revanche sans fondement. N’oublie pas : tout est de sa faute. Vincent s’impose. Se moque. Tu imploses. Te disloque. Assez de raillerie. Reprend-toi. Le monstre de cirque peut aussi sortir de sa cage. Brise ces chaines avant qu’elles ne t’emprisonnent définitivement. Pour que ta volonté sois faite et non plus celle des autres. De cet autre, qui nous est étranger.


₪۩۞۩₪

Tybalt captif de la situation l’avait laissé soliloquer quelques instants. Sans rien dire. Sans broncher il avait ravalé sa morgue et sa fierté. Mais ce n’était là, que la partie émergée de l’iceberg. La vengeance, elle, serait servie froide. Glaciale même. Aussi tranchante que le blizzard de cette folle journée d’hiver. Sans prêter une réelle attention à son interlocuteur, le jeune homme lança un dernier regard inquiet à la façade du commissariat avant de s’en éloigner de quelques enjambées. Les yeux rivés au sol et le dos tourné par rapport à son compagnon de cirque, ses lèvres tremblaient d’une vérité sulfureuse. Osera. Osera pas. L’inquiétude déposa son voile nébuleux sur la scène de crime. Il ne pouvait plus reculer car quoi qu’il arrive un criminel revient toujours sur ses pas.
    ■■■ « Je…en fait. On devrait s’éloigner un peu de cet endroit, justement. »

La longue chevelure blonde fit alors volte-face à la crinière rose. Le regard déboussolé de Tybalt vint se heurter à l’attention inquisitrice et hautaine de son pair. « Je n’ai rien fait de mal ». « Ce n’était pas mon intention ». « C’est la dernière fois ». Ces excuses on pouvait les deviner rien qu’à son expression apeurée et désarçonnée.
    ■■■ « J’avoue. Oui, c’est moi. Je… »

Un temps qui se suspendit. Le jeune garçon retint son souffle pendant un court instant avant d’expirer une longue trainée de buée.
    ■■■ « J’ai volé le chat de la mère Michel. Et depuis, à cause de moi, elle crie par la fenêtre à qui le lui rendra. Voilà, c’est dit. »

Un sourire moqueur se dessina rapidement sur ses lèvres et bientôt l’hilarité toute entière le consuma. Petite pique du jour pour bien commencer ces retrouvailles entre « amis ». Plein d’autosatisfaction, il jaugea Vincent d’un air moqueur, avec toute l’aversion qu’il pouvait lui accorder. Tel est pris qui croyait prendre.
    ■■■ « Non, vraiment, on ne peut plus accomplir son devoir d’honnête citoyen sans être considéré comme le pire des coupables. »

Le funambule exécuta une petite courbette railleuse devant son monsieur loyal.
    ■■■ « Excuse-moi d’avoir faillit à tes attentes. Je ne suis ni un voleur de poules, ni un kidnappeur d’enfants…même pas un meurtri..er. ..»

Lorsque Tybalt pinça ses lèvres légèrement bleuies par le froid, il était déjà trop tard. Ses paroles avaient dépassé sa pensée et il n’avait, malheureusement, pas pu se stopper avant la chute finale. Son subconscient semblait l’avoir pousser dans ses derniers retranchements. Maintenant, il se sentait l’âme d’un animal pris au piège, observé par le chasseur latent.

« Quand le ciel tombera, je mourrai un peu, beaucoup. Sans passion, mais avec intérêt. Et puis quand tout sera fini : je mourrai. »
Ce post a été écrit dans le sujet « Re: Du sang sur les doigts et des remords dans l'âme. » le Mar 11 Sep - 4:14.


Vincent
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Vincent

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L’affrontement continue, encore. Ça reste toi contre moi et toujours le même refrain qui résonne à nos oreilles.


Tu retiens ta surprise, une sourde inquiétude qui vient à poindre. Tu sais que s’il a encore trouvé des ennuis, ce sera à toi de tout résoudre et ça te fait grincer des dents. Le temps où tu bléais les terres fertiles d’Italie de tes aventures sulfureuses est révolu. Tu es devenu celui qui guette, surveille. C’est injuste et tu as l’impression d’être, en réalité, celui qui subit la situation. Celui qui provoque tout mais contre qui on se retourne. C’est décevant. C’est sans doute pour ça que tu apprécies tant ce cercle dont tu détiens la clé. Ils arrivent à te surprendre et ils jouent parfois avec les mêmes armes, sans se lasser de tes mots qui tournent en rond, de tes gestes contradictoires. Et lui, en est une preuve de plus. Il n’aurait jamais eu le droit, autrement, de pouvoir avancer ses sottises avec un tel sérieux.

Sais-tu, Tybalt, que dans la nomenclature des acrobates, l’équilibrisme serait ce qui nous conviendrait le mieux ? Nous risquons de tomber, appuyés uniquement sur nos égos surdimensionnés. Et chaque souffle de vent, chaque parole que je te murmurerai, ce sera dans l’espoir que tu finisses par t’écraser, quand je le voudrais.

« Serais-tu sans cœur pour ne pas rendre son animal à une vieille dame ? »

Les lèvres pincées, il pose un regard à la sévérité trompeuse sur lui. Mais elle fond, comme toujours. Et dans ses yeux rougeoyants, il y a le même malaise, qu’eux seuls peuvent comprendre. La culpabilité, infâme rejeton de l’union de leur cruauté, cherche à s’enfuir par ses yeux grands ouverts mais il n’y a rien qui puisse vraiment se condenser dans l’air froid, si ce n’est sa respiration qui devient sifflante aux derniers mots du blondinet.

Tu las vois, toi aussi, non ? Son corps qui flotte à la surface de l’eau, qui s’imprègne de l’air glacé de la nuit. Je me dis que c’est mieux qu’on n’ait pas vu son visage. Je ne sais pas ce que j’y aurais découvert et j’étais trop occupé à te dévisager, pour la toute première fois. Comme si je te rencontrais ce soir-là. J’apprenais à dissocier, totalement, l’être chétif et frêle que tu apparaissais être du monstre sans pitié qui m’avait tout volé. Un curieux délaitage, où j’extrayais un peu de ton mal pour m’assurer qu’il était réel. Je n’avais rien à t’apprendre, Tybalt, la trahison coulait en toi et même si j’en étais le responsable et la victime, en même temps, a restait grisant et douloureux. La destruction nous suivra. Peut-être aurais-je, un jour, le courage de briser ce visage que je hais tant.

« Ne t’en fais pas, tu n’as jamais failli à mes attentes. Au contraire, tu en as toujours fait plus que je ne l’imaginais. Que ce soit pour voler ou… »

Un sourire mauvais prend place sur son visage et il tape soudainement du pied, l’air impatient. Il traine le jeune garçon à sa suite, sans lui laisser de choix, comme un vulgaire pantin. Loin des locaux de police, dans une rue tranquille sans être reculée, il s’adosse contre le mur et lui propose une cigarette, le regard sombre.

« Assez joué. Que dirais-tu d’une autre forme de distraction ? Les rues de Venise sont un peu trop tranquilles pour moi, en ce moment. »

Il allume distraitement le bâtonnet blanc et quand la première bouffée de cigarette est recrachée, il a l’impression de faire sortir un peu de sa rancœur.

Mais elle revient, toujours là et tu te dis que c’est trop tard pour essayer de t’y soustraire. Ça restera là, entre vous. Et si tu te prends à espérer qu’il puisse un jour ne pas revenir, si tu te convaincs que tout irait mieux s’il disparaissait, il y a toujours cette injustice qui rôde. Parce que Tybalt a gagné. Pas seulement contre elle, mais contre toi. Et tu devras être celui qui le maintiendra en vie, jusqu’à la fin. Jusqu’à ce que ce soit toi et personne d’autre qui soit responsable de sa perte, s’il doit un jour en venir à tomber.

Les fils sur lesquels tu marches sont parfois trop fins, pas vrai ? Tu en perds l’équilibre. Tu n’as pas la chance des voltigeurs, pour pouvoir compter sur les épaules solides d’un soutien. Pourtant, je te porterai, encore, le temps qu’il faudra, pour que personne ne puisse te donner l’élan nécessaire à ta chute.

« J’ai croisé il y a minutes de cela une jeune femme tout à fait détestable. Je crois savoir qu’elle se dirigeait par ici, peut-être non loin du centre. »

Il le jauge du regard, décide qu’il peut continuer. De toute manière, il ne lui laisse pas de choix. C’est implicite, ça flotte entre eux, comme la fumée et même si ça lui cache un peu son visage il voit toujours l’essentiel. Le défi, brillant, brûlant. Oui, qu’il joue donc. Il n’y a plus de dettes, plus de vengeances. Il rendra coup par coup. Il n’est pas encore un vieillard péclotant, il ne s’effacera pas face à cet enfant qui a déjà fait bien trop de ravages. Dans son regard, il y a seulement la farandole formée par les erreurs du passé, l’innocence perdue et surtout, surtout. La haine.

Et celle de soi, la plus abjecte de toutes.

« Elle semblait avoir le profil d’une fille de bonne famille. Porte-monnaie bien garni et chevilles tout aussi gonflées. Lui piquer un peu tout ça serait distrayant, ne crois-tu pas ? »

Un sourire aimable passe sur son visage alors qu’il écrase la cigarette d’un geste sec sur la planchette clouée au mur de briques. La proposition est claire. Il a déjà un peu gâché la journée de cette femme mais elle sera définitivement sa cible. Il aurait pu prendre n’importe qui. Un vieillard édenté. Un couple de tourtereaux. Une gamine irritante. Mais non, elle aura définitivement éveillé son agacement. Quoi de mieux que de se servir de ses subordonnés pour vraiment marquer d’une croix rouge sa journée ?

Tu es le Voleur après tout, non ? Ce serait un jeu d’enfant, pour toi. Tu as fait pire, bien pire, je ne le sais que trop bien. Alors accepte cette partie. Rentrer chacun de son côté serait triste. Je resterais un clown arrogant et toi un freluquet à la langue trop pendue. Autant égayer Venise du malheur des autres.

Après tout, les bien d’une personne qui ne les mérite pas se doivent d’être emportés, au loin. Peut-être est-ce pour cela que tu me l’as ravie.



Ce post a été écrit dans le sujet « Re: Du sang sur les doigts et des remords dans l'âme. » le Jeu 13 Sep - 19:11.


Tybalt L. Montaigu
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« Et dans ta désillusion, tu avais dû confondre la lumière d’une étoile et d’un réverbère. Vaines prières, rejetées par la mer. »


Je me souviens de cette période où tu évitais les miroirs. Comme si tu avais peur de m’y voir. Je me souviens aussi de la première fois où tu as surpassé cette frayeur et que nos regards se sont à nouveau croisés, l’instant d’un reflet. Je me rappelle de l’horreur. De l’effroi. Du dégoût. Je t’ai vu sombré dans cette douce folie. Dans ce naufrage, tu étais l’épave. Et moi l’iceberg. Mais aujourd’hui, regarde-nous : voguant fièrement. Insubmersible et imparable. Je ne laisserais personne se mettre en travers de notre route. Nos ennemis je les brûlerais un à un au crématorium de notre vengeance. Et leur cendre je les déposerais dans la bouche de tous nos futurs opposants. Pour leur rappeler l’amertume de la défaite. Ils ne l’emporteront pas sur nous. Ni maintenant. Ni jamais.


₪۩۞۩₪

Tybalt se contenta d’un petit ricanement contenu. Il se sentait déçu de cette réaction. La chevelure rose était entrée dans son jeu bien trop facilement à son goût pour pouvoir savourer ne serait-ce qu’une cuillérée de revanche. Mais au fond, il ne pouvait pas s’en plaindre. Cette vivacité d’esprit, c’est ce qui le fascinait le plus chez ce curieux personnage. Il pouvait critiquer et dénigrer Vincent autant de fois qu’il le voulait, mais il devait bien admettre qu’il aimait ce genre de petite joute verbale. Par ailleurs, à ce jeu-là, c’était sans doute son ennemi le plus redoutable. Le jeune homme reprit alors la parole sur un ton faussement outré :
    ■■■« Je ne suis pas cruel, voyons. Un jour je lui dirai, à cette pauvre dame, que j’ai vendu son chat…tu me connais, faire souffrir les vieilles personnes ce n’est pas mon genre. D’ailleurs, je n’ai t’ai jamais fait de mal inutilement à ce que je sache ! »

Le jeune acrobate regarda un moment le visage de son compagnon d’infortune, naïvement, comme si de rien n’était. Puis ses yeux se reportèrent naturellement sur ses propres mains rougies par le froid. Las de souffrances inutiles, il les glissa à l’abri, dans les larges poches de son manteau, qui, jusqu’ici, avait réussi à retenir en otage un peu de la chaleur étouffante du commissariat. Sa peau gelée effleura alors la couverture du petit livre de voyage qu’il transportait. « Cinq semaines en ballon ». Tandis qu’il écoutait Vincent avec attention, ses doigts ne purent s’empêcher de faire soigneusement le contour du dessin en relief, gravé sur la couverture. Une montgolfière. Tybalt aussi, aurait voulu se lester de tous ses problèmes.

Vue de l’extérieur, la scène pouvait paraitre bizarre. Deux hommes à l’allure androgyne, se tenant l’un derrière l’autre, le petit suivant le plus grand vers une petite rue abandonnée par les passants. Pourtant, rien ne semblait choquer les protagonistes de la scène. En réalité, à cet instant, Tybalt se sentait l’âme du vilain petit canard, forcé de suivre sa mère d’adoption tout en sachant, que quelque part, il y avait un endroit mieux que celui-là. Un lieu oisif et sans contrainte, peuplé de personnes avec lesquelles il n’aurait pas à réfléchir trop profondément sur le poids de chacun de ses mots. Une place où le cygne qu’il était aurait pu admirer et être admiré.

Il avait décliné la cigarette, comme une ultime provocation. À la fois énervante de par sa nature mais trop anodine pour en tirer une quelconque remarque. Dans ce refus somme toute innocent en apparence, il avait orchestré puérilement une déprédation pure et simple de l’autorité.

Tybalt ne voyait pas vraiment où voulait en venir le joyeux monstre de cirque. Mais le défi venait d’être lancé. Et il était trop tard pour faire marche. De toute façon qui des deux aurait voulu renoncer en cet instant précis ? Pas la chevelure blonde, en tout cas. Encore moins la rose. Quiconque l’aurait parié.
    ■■■« Of course, mon cher. », s’empressa-t-il de lui répondre laconiquement dans un franglais parfait.

    ■■■« Je pense que c'est largement dans mes cordes. Cela me semble presque trop... facile, en fait. Et si nous rajoutions un enjeu ? Histoire corser un peu le système...»

La silhouette de la jeune femme s’ébaucha d’elle-même. Et petit à petit, le galbe de l’inconnue se fit plus net, sortant des ténèbres de l’imagination du funambule. Il laissa ses pensées frémissantes, voleter aux grés de ses vents fantaisistes. Guindée. Hautaine. Mais plutôt jolie, pour avoir attiré l’attention de Vincent. À son cou, joliment enroulée, une écharpe en fourrure semblable à une queue de raton, luxueux symbole de ses placements avisés au sein de son SICAV, sûrement hérité de ses riches parents. Oui, il pouvait déjà la dessiner. L’effleurer, même, du bout de son esprit vagabond. Maintenant qu’il tenait le profil de sa victime, la réalité se devait d’en être à la hauteur. Aucune déception tolérée.
    ■■■« Et cette petite souris, à quoi ressemble-t-elle au juste ? »

Derrière la buée de son souffle, ses lèvres fantomatiques dessinèrent un sourire carnassier, laissant entrevoir ses canines semblables aux crocs acérés d’un félin sauvage. À croire que la chasse faisait partie des moments les plus mémorables de son existence.

« Assez de malheureux ici-bas vous implorent. Coulez, coulez pour eux ; Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent. Oubliez les heureux. »

Spoiler:
Ce post a été écrit dans le sujet « Re: Du sang sur les doigts et des remords dans l'âme. » le Sam 22 Sep - 11:11.


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Vincent

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L’autre s’envole, se perd. La victime-proie, qui mourra sous nos mains assassines. Il en restera seulement les fragments dans nos mémoires.


« Touché. »

Un rire s’échappe de ses lèvres, alors qu’il se prépare à se mettre en route. L’acceptation facile du garçon, son empressement à vouloir mettre ses propres termes dans le contrat le laissent toujours aussi mal à l’aise et frustré. Il sait que, plus que quiconque, Tybalt a les armes pour tenter de le faire tomber.

Oui, tenter, seulement. Tu n’es pas dupe, Vincent, tu ne t’embarrasses pas de fausse modestie ni d’arrogance. Seule la lucidité, claire, tranchante, de son esprit aiguisé a une chance de pouvoir perforer leurs ténèbres. Et tu sais que si tu peux réussir, aujourd’hui encore, à le regarder, à le protéger, alors tu peux venir à bout de tout. Vous n’êtes que des pantins brisés et il n’y aura pas de retour en arrière possible, jamais.

« Tu poses toujours les questions qui fâchent. Mais elle ne manque pas d’intérêt. Et puis elle n’est pas très grande, tu n’auras pas le désavantage de paraître ridicule à côté, au moins. »

Il lui envoie son plus beau sourire charmeur et fourre ses mains dans ses poches, sans ménagement. Son regard effleure une dernière fois le commissariat, dans un dernier froncement de sourcils inquiets et il entraine Tybalt à sa suite.

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« Tu as un avantage par contre, c’est qu’elle doit déjà me détester. »

Il n’avait pas vraiment besoin de son avantage, les choses auraient été suffisamment corsées comme ça. Même si c’est avec une pointe de ressentiment, Vincent ne peut pas vraiment faire preuve de mauvaise foi sur le sujet et est obligé de reconnaître que Tybalt est excessivement doué pour charmer ces dames. Il ferait un excellent rival et il sait qu’il pourra bientôt mesurer l’étendue de son talent.

Cette fois, je te donne plus de cartes en main. C’est risqué mais ça l’a toujours été, entre nous. D’une façon ou d’une autre. Même proche du point de rupture, même si je me retrouve un jour au dessus de ton corps agonisant, je ne cesserai jamais de garder un œil, aux aguets. J’ai déjà fait l’erreur et maintenant, les seules failles que tu pourras utiliser seront celles que je te permettrai de voir.

« La voilà. »

Un murmure, quand il se penche sur les cheveux blonds. Près d’une boutique, l’air pincé, le port fier, la jeune femme regarde une vitrine. L’enseigne de la bijouterie saute aux yeux de Vincent et il roule des yeux, affligé. La superficialité de cette femme est à faire peur et il se demande, l’espace d’un instant, si tout cela est vraiment une bonne idée. Tant qu’elle n’est rien d’autre qu’une petite fille pourrie gâtée qui se contente de se prendre pour le centre du monde, ils n’ont rien à craindre. Il espère juste que sa richesse n’est qu’un apparat de plus et non pas la marque d’une appartenance à une énième famille qui saurait faire valoir sa réputation pour discréditer ceux qui lui causent du tort.

Car vous risquez fortement de lui laisser un souvenir mauvais. Impérissable, mais bien amer. La cruauté dont vous faites preuve envers les autres n’a rien à envier à celle que vous manifestez face à l’autre et tu le sais. Ce n’est rien qu’une jeune femme arrogante qui a eu la malchance de croiser ton chemin. Et c’est bien suffisant, pour toi, pour que tu la condamnes.

« Je ne peux que t’encourager à faire le premier mouvement. Je dois, en ce qui me concerne, trouver de quoi me racheter à ses yeux. Je vous rejoindrai. »

Il se glisse sans qu’elle ne le voie dans la boutique et referme la porte, derrière lui, non sans avoir adressé un sourire goguenard à Tybalt.

Le jeu commence, vraiment.


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Du sang sur les doigts et des remords dans l'âme.


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